L'ÉVANGILE

LE SENS ET LA DÉFINITION DE L’ÉVANGILE

Le mot « Évangile » est un concept qui, aujourd’hui, est bien souvent galvaudé et utilisé à toutes les sauces. Pourtant, il s’agit d’un concept fondamental afin de saisir sur quoi repose l’essence même de la vie et notre raison d’être parmi le genre humain.

Voyez ce que l’apôtre Pierre nous dit à ce sujet :
— Car Toute chair est comme l’herbe, Et toute sa gloire comme la fleur de l’herbe. L’herbe sèche, et la fleur tombe; Mais la parole du Seigneur demeure éternellement. Et cette parole est celle qui vous a été annoncée par l’Évangile. (1 Pierre 1:24-25)

Ce que l’on voit ici, c’est que l’Évangile possède un sens bien défini. Il s’agit en fait du moyen par lequel Dieu s’est révélé et est intervenu dans l’histoire de l’humanité. En fait, l’Évangile peut être défini comme étant Une Bonne Nouvelle qui repose sur le fait que Dieu a agi en faveur de l’humanité. L’Évangile, c’est donc une œuvre spirituelle dont Dieu est l’acteur et dont l’humanité peut bénéficier. En fait, l’Évangile est un BON MESSAGE qui a pour sujet principal une personne : JÉSUS CHRIST.

LES PRINCIPES FONDAMENTAUX DE L’ÉVANGILE

Dans les quatre premiers chapitres de son Épitre aux Romains, l’apôtre Paul résume l’Évangile en quatre principes fondamentaux :

  • L’humanité n’est pas une entité autonome et indépendante. Son origine provient en effet de l’exercice d’une volonté divine et les êtres humains sont donc, par conséquent, des créatures qui sont liées à la personne de Dieu par un lien d’imputabilté (Romains 1:18-21);
  • Toute la création de Dieu (dont l’humanité fait partie) est aux prises avec un problème spirituel qui la sépare naturellement de la personne de Dieu, le péché. Cette tare, dont l’être humain ne peut se débarrasser par lui-même, affecte tout ce qu’il fait, pense et désire, ainsi que sa destination finale … ce qui fait de lui quelqu’un qui se situe dans une situation d’opposition constante contre la personne de Dieu (Romains 3:23);
  • La solution qui est offerte par Dieu afin que l’humanité puisse être réconciliée avec Lui repose sur l’œuvre spirituelle accomplie par l’incarnation, la vie parfaite, la mort expiatoire et substitutive, ainsi que la résurrection de son Fils bien-aimé, Jésus-Christ (Romains 3:21, 24, 25);
  • L’être humain ne peut bénéficier de cette œuvre spirituelle et ce travail de réconciliation opéré par Dieu que par le moyen de la repentance à l’égard de Dieu, concernant ses fautes et par le moyen de la foi (placer sa confiance) dans la personne et dans l’œuvre de Jésus-Christ (Romains 2:3, 4, 3:22, 3:26, 3:28, 4:4-8). 

LES BIENFAITS DE L’ÉVANGILE

Le bienfait ultime de l’Évangile qui est reçu et accepté par la foi, nous dit Jean, c’est le don de la vie éternelle. Qu’est-ce que la vie éternelle? Jésus-Christ l’a définie ainsi :
— Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. (Jean 17:3)

Il s’agit donc de la vie unique et véritable qui réside en la personne de Dieu, plus précisément dans la connaissance de Dieu et de son Fils Jésus-Christ. La vie éternelle, ce n’est donc pas seulement une vie qui fait appel à une notion de temps, mais également de qualité relationnelle. Dieu nous invite donc à savourer cette vie qui est la sienne au travers de notre confiance en la personne de son Fils. Jésus-Christ.

En Lui, le Nouveau Testament nous indique que nous sommes de nouvelles créatures. Nous ne sont plus désormais emprisonnés par le poids du péché mais nous en sommes délivrés … c’est-à-dire que par l’Évangile nous sommes libres de vivre la vie que Dieu a en lui-même et qu’il nous a donné.

— Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. Et tout cela vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par Christ, et qui nous a donné le ministère de la réconciliation. (2 Corinthiens 5:17-18)

— Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés; je vous purifierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles. Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau; j’ôterai de votre corps le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon esprit en vous, et je ferai en sorte que vous suiviez mes ordonnances, et que vous observiez et pratiquiez mes lois. Vous habiterez le pays que j’ai donné à vos pères; vous serez mon peuple, et je serai votre Dieu. (Ézéchiel 36:25-28)

— Jésus lui répondit: En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. Jésus répondit: En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. (Jean 3:3, 5)

Face à un tel privilège, nous n’avons aucun mérite … mais toute la gloire revient à Dieu Lui-même en tant qu’acteur de la bonne nouvelle dont nous sommes les bénéficiaires.

LES FRUITS DE L’ÉVANGILE

L’Évangile est l’œuvre spirituelle par laquelle Dieu est intervenu en notre faveur par la mort et le résurrection de son Fils bien-aimé. C’est grâce à l’Évangile que nous pouvons nous présenter devant Dieu avec l’assurance d’être pardonné, Jésus ayant Lui-même porté le poids de notre culpabilité.

Cependant, là ne s’arrête pas l’effet de l’Évangile chez celui qui le reçoit et se l’approprie. Le but de l’Évangile, c’est de nous réconcilier avec notre Créateur … mais également d’avoir un effet de transformation dans nos vies respectives. L’Évangile de Dieu a pour effet de, non seulement faire de nous des pécheurs pardonnés, mais également des ambassadeurs et des témoins vivants de cet Évangile, par nos vies toutes entières, tant nos actions que nos paroles.

— Car la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée. Elle nous enseigne à renoncer à l’impiété et aux convoitises mondaines, et à vivre dans le siècle présent selon la sagesse, la justice et la piété, en attendant la bienheureuse espérance, et la manifestation de la gloire du grand Dieu et de notre Sauveur Jésus Christ, qui s’est donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité, et de se faire un peuple qui lui appartienne, purifié par lui et zélé pour les bonnes oeuvres. (Tite 2:11-14)

LA DIRECTION ET L’ORIENTATION DE L’ÉVANGILE

Voici donc comment on peut résumer l’Évangile : Dieu est entré dans l’histoire de l’humanité par le moyen de l’incarnation et le don de son Fils afin de nous réconcilier avec Lui. Cette œuvre spirituelle, fondée sur la vie parfaite, la mort et la résurrection de Jésus, n’a pas tant pour objectif que Dieu puisse entrer dans notre vie, mais plutôt que nous puissions entrer dans la sienne et participer ainsi à son œuvre de transformation spirituelle dans le monde qui est le nôtre.

C’est ainsi que l’Évangile désire faire de nous les dignes représentant des intérêts de la Bonne Nouvelle qui est en Jésus-Christ et non les nôtres. C’est grâce à cet Évangile et en s’appuyant sur Lui que nous comptons vivre par Dieu et pour Dieu. Nous faisons donc tout par la grâce de Dieu et tout pour la gloire de Dieu.

LA RELIGIONL'ÉVANGILE
J'obéis, donc je suis accepté.Je suis accepté, donc j'obéis.
La motivation de ma piété est fondée sur la peur et l'insécurité.La motivation de ma piété est fondée sur la joie et la reconnaissance.
Je crois que toute bonne personne mérite une vie confortable... donc, je suis frustré lorsque l'épreuve arrive.Je crois que l'épreuve est permise par Dieu afin d'approfondir ma relation avec Lui et compter davantage sur sa grâce. Elle est difficile... mais profitable.
Lorsque je ne suis pas à la hauteur de mes attentes, cela me rend furieux. Toute attaque à mon image de marque se doit d'être sous-estimée ou détruite.Ce n'est pas essentiel pour moi de croire que je suis une bonne personne. Mon identité n'est pas bâtie sur mes performances, mais sur l'amour de Dieu pour moi manifesté en la personne de Jésus.
Ma vie de prière est fondée sur des demandes afin de mieux contrôler les évènements.Ma vie de prière est fondée sur une relation personnelle avec Dieu où l'adoration et la dépendance complète envers sa grâce prend tout son sens.
Si je vis à la hauteur de mes standards, je suis confiant. Je suis insensible et orgueilleux face aux personnes en situation d'échec et si je faillis, je me sens comme un raté. Ma perception de soi n'est pas fondée sur la qualité de mes gestes moraux, mais sur le fait que Christ en mort pour mes péchés. Cela me conduit dans l'humilité et la confiance sans pour autant me vanter ou me déprécier.
Ma valeur étant construite sur mes performances, mon cœur place donc sa confiance dans idoles qu'il affectionne et me donne de la valeur. Sans elles, ma vie n'a plus de valeur.Bien que plusieurs choses me soient bénéfiques, aucune de celles-ci ne me sont ultimes. Je n'ai pas besoin d'elles de manière absolue... mais toute ma sécurité personnelle repose sur l'œuvre de la croix portée par Jésus.

QUELQUES ÉLÉMENTS

Soutenir que l’incrédulité face au christianisme ne repose pas sur des motifs suffisants est une chose. Affirmer qu’il existe des raisons suffisantes pour croire au christianisme en est une autre. La vision chrétienne du monde n’est pas exempte de questionnements mais elle demeure tout de même l’explication la plus logique et raisonnable qui soit. Qu’est-ce qui nous permet d’en venir à une telle proposition?

Le philosophe Alvin Platinga pense qu’il n’y a pas de preuve de l’existence de Dieu qui soit susceptible de convaincre toutes les personnes rationnelles. Il croit par contre qu’il existe au moins deux ou trois douzaines d’arguments solides en faveur de son existence. Il ne s’agit donc pas d’un poids qualitatif … mais quantitatif en faveur de l’existence de la personne de Dieu. Voici quelques indices qui militent en faveur de cette assertion.1

L’EXPLOSION MYSTÉRIEUSE

Tout ce que nous connaissons du monde dans lequel nous vivons est conditionnel et l’effet d’une cause qui se situe en dehors de lui. Si l’Univers provient du Big Bang par exemple et bien il convient de se poser la question : « d’où vient l’origine de cette explosion et de la matière qui en a été propulsée sinon d’un être volontaire qui se situe à l’extérieur de cette matière existante? » Si nous voulons voir dans cet argument une preuve de l’existence de Dieu, nous n’y parviendrons pas. En revanche, si nous cherchons un indice montrant qu’il y a quelque chose en dehors du monde naturel, alors là nous avons un argument auquel bon nombre de gens sont loin d’être indifférents.

L’ACCUEIL DU COSMOS

Pour que la vie organique existe, les lois fondamentales et constantes de la physique (la vitesse de la lumière, la gravité, les forces nucléaires) doivent avoir des valeurs qui se situent de manière commune dans une fourchette extrêmement serrée. La probabilité qu’un ajustement aussi parfait se produise par hasard est tellement infime qu’elle est statistiquement négligeable. Le grand scientifique Stephen Hawking conclut à ce sujet que : « Il y a infiniment peu de chance qu’un univers tel que le nôtre émerge de quelque chose comme le Big Bang. Je pense qu’il y a clairement des implications religieuses ».

Les philosophes David Hume et Bertrand Russell disaient que : « bien que la régularité de la nature soit discutable en terme de preuve de l’existence de Dieu, la science ne peut pas elle non plus prouver la régularité continue de la nature … elle ne peut que l’admettre par la foi. »

L’INDICE DE LA BEAUTÉ

S’il n’y a pas de Dieu et si tout ce que contient le monde est le produit d’un assemblage fortuit d’atomes, alors notre existence n’a aucun but : nous sommes donc des accidents. Pourtant, même si nous sommes des matérialistes laïques qui croyons que la vérité, la justice, le bien et le mal sont de parfaites illusions et bien en présence de l’art et même d’une grande beauté naturelle, nos coeurs racontent une tout autre histoire.

Indépendamment de ce que croit notre esprit à propos de l’absence de sens et du caractère aléatoire de la vie, face à la beauté … nous nous ravisons jusqu’à ce que cela devienne en nous un insatiable désir … un peu comme si nous étions né pour cela. Cette aspiration a les caractéristiques d’un désir humain profond et inné, ce qui fait de lui un indice important de la présence de Dieu.

L’ANTI-INDICE

Dans notre culture, une école de pensée très influente prétend avoir les réponses à tous ces soi-disant indices. C’est l’école de la biologie évolutionnaire. Bien que dans ce domaine, d’âpres discussions aient lieu, tous les théoriciens de l’évolution sont d’accord pour dire que notre capacité à croire en Dieu est inscrite dans notre physiologie parce qu’elle est associée, directement ou indirectement, aux caractéristiques qui ont contribué à l’adaptation de nos ancêtres à leur environnement.

D’après la biologie évolutionnaire, les lois de la raison ne devraient avoir un sens pour nous que parce qu’elles nous aident à survivre et non parce qu’elles nous disent forcément la vérité. Si l’existence de Dieu nous paraît logique, ce n’est donc pas parce qu’il est réellement là, mais uniquement parce que cette croyance nous a aidés à survivre et s’est donc fixée en nous.

Cependant, si nous ne pouvons pas nous fier à notre capacité à nous forger une croyance pour connaître la vérité sur Dieu, pourquoi devrions-nous lui faire confiance pour nous dire la vérité sur quoi que ce soit, y compris sur la science de l’évolution? La biologie évolutionnaire ne peut invoquer le pouvoir de la raison alors même qu’elle la détruit.

Si nous ne pouvons pas nous fier à notre capacité de nous forger une croyance dans un domaine donné, nous ne devrions lui faire confiance dans aucun autre domaine. Mais nous le faisons et c’est là que réside l’indice. Si nous croyons que Dieu existe, alors notre vision du monde nous donne une base pour croire que les facultés cognitives sont fiables puisque Dieu a pu nous rendre capables de parvenir à des croyances et à une connaissance véritable.

Toutefois, si vous ne croyez pas en Dieu, non seulement toutes ces choses sont profondément inexpliquées, mais votre opinion vous conduit à ne pas les envisager.

Tous ces indices cumulés pointent en faveur de l’existence de Dieu. Bien qu’une vision profane de l’univers soit rationnellement possible, elle ne rend pas compte de toutes ces choses de manière aussi logique que la vision qui intègre Dieu. Voilà pourquoi nous parlons d’indices. La théorie selon laquelle un Dieu a créé le monde explique mieux ce que nous voyons que la théorie inverse.

1 Cette rubrique se veut un résumé du livre de Timothy Keller intitulé : « La raison est pour Dieu » et qui a été publié par les Éditions Clé en 2010, traduit de l’anglais par Sonia Artiguebert.

QUELQUES RÉPONSES

Nous vivons dans une époque où le scepticisme envers la foi chrétienne et l’existence même de la personne de Dieu sont devenus monnaie courante. Nous vous proposons d’examiner quelques-uns des arguments employés à ce sujet et offrir, bien humblement, quelques éléments de réponse à leur sujet.2

1. L’EXISTENCE D’UNE SEULE VRAIE RELIGION EST IMPOSSIBLE

Pour bien des gens, affirmer la supériorité d’une religion sur une autre est un principe arrogant et dangereux qui ne peut stimuler qu’un climat d’hostilité et d’intolérance. On préfère plutôt croire que toutes les grandes religions se valent et enseignent essentiellement la même chose. Bien que cette philosophie puisse sembler commode, elle présente à la base un problème fondamental … c’est qu’il est impossible que toutes les religions aient raison en même temps. Les croyances sur lesquelles elles sont fondées sont trop différentes dans leur conception de Dieu pour donner de la valeur à une affirmation aussi large.

De plus, prétendre que toutes les religions se valent présente un autre défaut : celui de l’incohérence. Soutenir que les différences entre les religions n’ont pas d’importance constitue une croyance, il s’agit donc d’une doctrine. Conséquemment, il n’y a pas de raison pour croire que cette doctrine (qui accepte tout) soit meilleure qu’une autre (qui est exclusive). Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’exclusivité du christianisme ne prône pas l’intolérance et la supériorité morale. Bien au contraire, elle incite plutôt ses fidèles à croire que des personnes appartenant à d’autres religions sont elles aussi capables de bonté et de sagesse et même à ce que ces personnes puissent mener une vie moralement supérieure à la leur.

Dans l’optique chrétienne, Jésus ne nous dit pas comment vivre pour mériter le salut, Il est en fait venu pour nous pardonner et pour nous sauver en donnant sa vie en mourant à notre place. Jésus a dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie … nul ne vient au Père que par moi ». L’exclusivité du christianisme ne s’adresse donc pas aux champions de la moralité mais bel et bien à ceux qui reconnaissent ne pas réussir à bien agir et admet ainsi avoir besoin d’un Sauveur.

2. UN DIEU QUI EST BON NE PERMETTRAIT PAS LA SOUFFRANCE

Certains estiment que la souffrance est un problème philosophique qui remet en cause la personne de Dieu. Le mal et la douleur seraient ainsi des preuves à charge contre Dieu car si ce qui me fait mal me paraît inutile, cela doit forcément l’être. Cet argument contre Dieu ne tient pas pour diverses raisons.

Tout d’abord, si vous avez un Dieu suffisamment grand et transcendant pour susciter votre colère parce qu’il n’a pas fait cesser le mal et la souffrance dans le monde, alors vous avez (simultanément) un Dieu suffisamment grand et transcendant pour avoir de bonnes raisons. inconnues de vous, de permettre que le mal et la souffrance continuent d’exister. Vous ne pouvez pas avoir l’un sans l’autre.

Selon l’écrivain CS Lewis, les objections modernes émises à l’encontre de Dieu se fondent sur un sentiment d’équité et de justice. Les êtres humains, croyons-nous, ne devraient ni souffrir, ni être exclus, ni mourir de faim ou à cause de l’oppression. Or, le mécanisme évolutionniste de sélection naturelle (dans lequel notre monde croit) dépend de la mort, de la destruction et de la violence des forts envers les faibles. Est-ce que le monde rejette cette conception des origines pour autant?

Non. Pourquoi alors développer cet argument en défaveur de l’existence de Dieu? Celui qui ne croit pas en Dieu ne dispose pas d’une bonne base logique pour être outré par l’injustice. Le chrétien par contre possède une base spirituelle solide afin d’affronter le mal, la souffrance et la douleur. Le philosophe Peter Kreeft observe à ce sujet que le Dieu des chrétiens est venu délibérément sur terre pour avoir affaire lui-même à la souffrance humaine.

En Jésus-Christ, Dieu a expérimenté la plus profonde des souffrances. Il s’est départi alors d’une partie de lui-même pour intervenir en faveur d’une humanité coupable. C’est pourquoi, bien que le christianisme ne fournisse pas la raison de chaque expérience douloureuse, il offre d’importantes consolations pour affronter le malheur avec espérance et courage plutôt que de la subir avec amertume et désespoir.

3. LE CHRISTIANISME EST UNE CAMISOLE DE FORCE

La croyance en une vérité absolue est-elle l’ennemie de la liberté? La plupart des gens le pensent et croient avoir la conviction que chaque individu doit déterminer quelle est sa propre vérité. Le problème, c’est que l’être humain n’est pas une île déserte et que, par définition, une communauté ne peut pas être complètement inclusive.

Ce rêve n’est en fait qu’une illusion car une communauté est implicitement fondée sur des croyances communes qui jouent le rôle de frontières et qui ont pour résultat d’inclure certaines personnes et en exclure d’autres. Toute communauté qui ne tiendrait pas ses membres redevables des croyances et des pratiques qui lui sont communes ne pourrait voir que son identité collective perdre de son lustre.

Trop souvent, le christianisme est considéré comme culturellement rigide et un ennemi du pluralisme et du multiculturalisme. En réalité, le christianimse s’est mieux adapté aux diverses cultures (et les a peut-être moins détruites) que le laïcisme et de nombreuses autres doctrines. Pourquoi? Et bien c’est parce que le christianimse offre une grande liberté en ce qui a trait à la manière dont les absolus doctrinaux s’expriment et prennent forme dans chaque culture. Il n’y a pas de culture chrétienne car toute culture humaine a reçu de Dieu des atouts et des forces distinctes qui participent à son enrichissement.

On reproche souvent au christianisme de limiter notre croissance et notre potentiel en nous contraignant à choisir nos croyances et nos pratiques. Toutefois, dans les faits, les limites et les constraintes sont plutôt un moyen de se libérer lorsqu’elles sont en accord avec notre nature et nos capacités. Un poisson par exemple, parce qu’il absobe l’oxygène de l’eau et non celui de l’air, n’est libre que s’il reste dans la limite de l’eau. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour notre croissance spirituelle et morale?

La question qui demeure par contre est celle-ci : quelle est la réalité morale et spirituelle que nous devons reconnaître pour pouvoir nous épanouir? Quel est l’environnement dans lequel nous nous sentons le plus libre si n’est celui … de l’amour. L’amour est la perte de liberté la plus libératrice qui soit. Pour connaître la joie et la liberté de l’amour, vous devez renoncer à votre autonomie … et pourtant c’est dans ce genre de relation que les êtres humains se sentent le plus libres et le plus vivants.

La liberté n’est pas l’absence de limites et de contraintes mais plutôt la découverte de bonnes restrictions, celles qui correspondent à notre nature et qui nous libèrent. Sur la croix, Jésus s’est volontairement rendu serviteur et a remis sa vie entre les mains de son Père. Il s’est littéralement donné pour nous afin de vaincre le péché et nous en rendre libres, par amour pour Dieu et par amour pour nous. Lorsque vous vous rendez compte à quel point Jésus s’est chargé et s’est donné pour vous, vous n’avez plus peur d’abandonner votre liberté pour trouver votre liberté … en lui.

4. L’ÉGLISE EST RESPONSABLE DE TANT D’INJUSTICES

On entend souvent dire que l’histoire de l’Église montre qu’elle a encouragé l’injustice et détruit des cultures, qu’elle est également l’auteur de bien des guerres, des génocides et de mille et un autres drames. Tout cela semble indiquer que la religion exacerbe, plus souvent qu’autrement, les différences humaines au point d’entraîner la violence et même la cruauté.

Cette façon de considérer les choses pose cependant problème. En effet, on peut remarquer que plus une société se laïcise ou rejette simplement l’existence de Dieu … cela ne l’empêche pas de se livrer à des saccages monstrueux. Les exemples soviétiques, chinois et cambodgiens sont là pour le démontrer. Certes, la violence perpétrée au nom du christianisme est une réalité terrible et elle se doit d’être évoquée et éradiquée. Rien ne la justifie. Toutefois, les actes de violence et de guerre accomplis au sein d’une société ne constituent pas nécessairement la réfutation des croyances dominantes de cette société.

La religion n’est pas en effet responsable des abus que les humains en ont fait car il ne s’agit plus alors de la religion, mais d’un faire valoir pour servir les intérêts de personnes peu scrupuleuses. Le fanatisme n’est pas constitué de gens qui suivent la religion (ou l’Évangile) de trop près … au contraire, ils en sont trop éloignés.

La Bible elle-même nous enseigne que nous devrions nous attendre aux abus de la religion et elle nous a également expliqué comment réagir face à eux. L’histoire de l’humanité est remplie d’exemples où le christianisme a lutté contre l’injustice. Par exemple, des chrétiens ont lutté en faveur de l’abolition de l’esclavage et des droits civiques pour les Noirs en Amérique. L’antidote au racisme n’est donc pas moins de christianisme, mais un christianisme plus profond et plus sincère.

5. UN DIEU AIMANT N’ENVOIE PAS LES GENS EN ENFER

La croyance la plus fondamentale de la culture occidentale se résume ainsi : « la vérité morale est relative à la conscience individuelle. » Cette culture n’a pas conséquent aucun problème avec un Dieu d’amour qui nous soutient et nous aime quelle que soit la façon dont nous vivons. En revanche, elle s’oppose fortement à l’idée d’un Dieu qui punit les gens pour leurs croyances sincères qui seraient erronées.

Pourquoi? Pourquoi sommes-nous choqués par l’image d’un Dieu qui juge et ne le sommes-nous pas par l’idée d’un Dieu qui pardonne? Dans d’autres cultures, c’est exactement l’inverse qui se produit. Comment peut-on alors comprendre tout cela de manière objective? Ce qu’il faut comprendre ici, c’est que toutes les personnes aimantes sont parfois emplies de colère non pas malgré leur amour, mais à cause de cet amour. La colère en effet n’est pas le contraire de l’amour, c’est plutôt la haine et l’indifférence qui le sont.

La Bible nous dit à ce sujet que la colère de Dieu découle de son amour pour sa création et du plaisir qu’il trouve en elle. Il est en colère contre le mal et l’injustice qui détruisent la paix et l’intégrité de son ouvrage. Miroslav Volf, la philosophe croate, en vient à la conclusion que c’est l’absence de croyance en un Dieu punitif qui nourrit secrètement la violence. Si quelqu’un ne croit pas en un Dieu qui finira par redresser la situation, il va être lourdement tenté de prendre l’épée lui-même. En fait, la doctrine du jugement dernier est nécessaire pour apprendre aux hommes à aimer et à devenir des artisans de paix.

En bref, l’enfer est simplement l’identité qu’un être humain choisit librement d’avoir en dehors de Dieu. En chacun de nous, il y a quelque chose qui grandit (le péché) et qui sera l’enfer s’il n’est pas tué dans l’oeuf. Voilà pourquoi dépeindre Dieu en train de jeter des gens dans un abîme d’où ils crient : « Je suis désolé! Laisse-moi sortir! » est une déformation de la réalité. Tout ce que Dieu fait aux gens à la fin, c’est leur donner ce qu’ils désirent le plus, y compris le droit de ne pas lui être soumis.

Croire en un Dieu qui aime, accepte tout le monde et ne juge personne est un puissant acte de foi. Non seulement il n’y a pas de preuves de l’existence d’un tel Dieu dans le monde naturel, mais en plus, presque aucun texte historique ou religieux ne confirme cette idée. Plus on considère cette pensée d’un Dieu qui aime sans juger, moins elle semble fondée.

6. LA SCIENCE DÉMONTRE LA FAUSSETÉ DU CHRISTIANISME

La science en général, et l’évolutionnisme en particulier, a rendu la croyance en Dieu inutile et obsolète. On soutient par exemple souvent que vous ne pouvez pas à la fois être un penseur scientifique intelligent et avoir des convictions religieuses parce que la plupart des grandes religions croient aux miracles et à l’intervention de Dieu dans l’ordre naturel. Le postulat qui sous-tend cette déclaration est : « la science a prouvé que les miracles n’existent pas. » Il faut cependant faire preuve de foi pour émettre une telle opinion.

La science n’a en effet jamais démontré qu’il ne pouvait pas y avoir un type de causes autres que celle de l’observation de la nature pour expliquer certains phénomènes. Il n’existe pas de dispositif expérimental capable de tester l’affirmation : « aucun phénomène naturel ne peut avoir une cause surnaturelle. » Il s’agit par conséquent d’un présupposé philosophique et non d’une découverte scientifique.

S’il y a un Dieu créateur, la possibilité que les miracles existent n’a rien d’illogique. Après, il a tout créé à partir du néant, ce n’est donc pas un problème pour lui d’arranger certains éléments comme et quand il le désire. Pour être sûr que les miracles ne peuvent se produire, vous devez être certain, sans l’ombre d’un doute, que Dieu n’existe pas … ce qui constitue un acte de foi. L’existence de Dieu ne peut être ni prouver ni réfuter par la démonstration.

L’évolutionnisme suppose que les formes de vie les plus complexes évoluent à partir de formes moins complexes grâce à un processus de sélection naturelle. Pourtant, il ne semble exister aucune démonstration actuelle de ce processus, les mutations conduisent vers la détérioration des gênes et non leur amélioration. D’autre part, il est possible que certains chrétiens croient dans cette théorie sans adhérer pour autant au naturalisme philosophique qui assure que tout a une cause naturelle et que la vie organique est uniquement le produit de forces aléatoires que personne ne guide.

Il y a quatre moyens de lier la science et la religion : le conflit, le dialogue, l’intégration et l’indépendance. Soumettre l’idée que la science et la religion s’opposent naturellement est donc un argument réducteur qui est difficilement défendable. La plupart des nombreux scientifiques athées le sont pour des raisons qui sont étrangères à leur science.

La question qui se pose donc est : « à quoi servent les miracles observés par exemple dans la Bible? » Et bien ils conduisent non seulement à une croyance cognitive, mais surtout à l’adoration, le respect et l’émerveillement envers la personne de Dieu et de Jésus. La Bible nous enseigne que Dieu n’a pas créé le monde pour que s’y installent la maladie, la faim et la mort … Jésus s’est donc servi de miracles pour rétablir l’ordre naturel des choses avant que le péché ne s’y introduise. Ses miracles ne sont pas uniquement des preuves de sa puissance, mais aussi un avant-goût merveilleux de ce qu’il va faire avec cette puissance dans l’avenir.

7. ON NE PEUT PAS PRENDRE LA BIBLE AU PIED DE LA LETTRE

La foi chrétienne exige une croyance dans l’autorité de la Bible et cela constitue pour bien des gens une énorme pierre d’achoppement. Par exemple, ces personnes vous diront que la Bible n’est pas digne de confiance parce que certaines parties sont impossibles à croire sur le plan scientifique, peu fiables sur le plan historique ou encore rétrograde sur le plan culturel. Mais qu’en est-il exactement?

Selon une croyance populaire, la Bible serait une collection de légendes sans fondement historique. Il existe cependant plusieurs bonnes raisons d’estimer que les récits des Évangiles par exemple sont conformes à la réalité historique. Tout d’abord, les Évangiles sont apparus beaucoup trop tôt pour être considérés comme des légendes. Les Évangiles canoniques (Matthieu, Marc, Luc et Jean) ont en effet été écrits au plus tard entre quarante et soixante ans après la mort de Jésus. Cela signifie que les récits bibliques concernant Jésus circulaient alors que des centaines de témoins des évènements survenus au cours de son ministère étaient encore en vie.

Dans un second temps, le contenu des Évangiles est beaucoup trop contre-productif pour qu’il s’agisse d’une légende car il nous offre à la fois une image qui est crédible historiquement de ce à quoi pouvait ressembler la société palestinienne, grecque, et romaine de l’époque de Jésus. Aussi, la forme littéraire employée pour la rédaction des Évangiles est beaucoup trop détaillée pour que l’on puisse leur attribuer le qualificatif de « légende ».

Du point de vue culturel, de nombreux textes jugés choquants peuvent être expliqués à l’aide d’un commentaire convenable qui replace la question soulevée dans son contexte historique. Certains textes en effet n’enseignent pas ce qu’ils semblent nous apprendre au premier abord. Une question que l’on peut mettre également mettre en lumière est celle-ci : « en vertu de quoi pouvons-nous prendre la norme qui détermine actuellement ce qui est progressif pour en faire le fil de plomb qui nous permettra de décider quelles parties de la Bible sont valables et quelles parties ne le sont pas? »

Si vous choisissez ce que vous voulez croire et si vous rejetez les restes, comment pourrez-vous avoir un Dieu qui puisse vous contredire? Ça n’arrivera jamais. Vous aurez alors un Dieu essentiellement créé par vous-même et non pas un être avec qui il sera possible d’entrer dans un véritable rapport d’interaction. L’autorité biblique n’est pas l’ennemi d’une relation personnelle avec Dieu … c’est au contraire, la condition requise pour que celle-ci puisse exister.

2 Cette rubrique se veut un résumé du livre de Timothy Keller intitulé : « La raison est pour Dieu » et qui a été publié par les Éditions Clé en 2010, traduit de l’anglais par Sonia Artiguebert.